Haletant grâce à son unité de temps (une seule journée), «True crime» (USA, 1999), film de Clint Eastwood, conte l'histoire d'un journaliste qui doit écrire au pied levé un article sur la dernière journée d'un condamné à mort. Le choix judicieux d'ancrer le récit en une seule journée permet au public de ne pas décrocher de l'action mais aussi à Eastwood de jouer avec le temps. Le suspens est maintenu grâce aux nombreux retournements de situations qui n'ont, heureusement, pas le malheur d'être incroyable. Insérant des changements fréquents, le cinéaste empêche son oeuvre de se scléroser. En plus, Eastwood, en tant que réalisateur mais aussi en tant qu'acteur, mélange avec maîtrise le polar et l'ironie grinçante. On sent également plané sur le personnage de Steve Everett le fantôme d'un inspecteur Harry, comme c'était le cas dans «The Rookie» (USA, 1991). Notamment parce que les personnages des trois films s'apparentent à des vieux loups enquêteurs, à l'exception de «True crime» où Eastwood est un journaliste. D'ailleurs la représentation du milieu journalistique, si elle n'est pas des plus réaliste, a le mérite d'être une interprétation. Enfin, ce qui demeure l'un des attraits les plus intéressant, c'est le parallèle du rapport père-fille entre le personnage d'Eastwood,le journaliste libre,et le personnage d'Isaiah Washington, le condamné à mort. Le parallèle marque le manque de gratitude général que nous avons envers la liberté. Cependant le film souffre tout de même d'un manichéisme manifeste entre les blancs riches et les noirs victimes. Heureusement ce schéma n'est pas marqué de racisme, loin de là. Enfin, là où le bas blesse majoritairement, c'est dans la représentation usurpée du milieu carcéral. Bref, «True crime» est un excellent polar, on en attend pas moins de Clint Eastwood, un film qui prône la persévérance par le truchement d'un journaliste alcoolique. Pour finir, le film pose la question de la peine de mort en divulguant à peine l'avis du cinéaste...