Denis Villeneuve peut définitivement s’asseoir aux cotés de Christopher Nolan dans le club très fermé non pas des cinéastes à festivals, mais celui des plus grands cinéastes contemporains et allégrement! Tous ces films sont peu ou prou des classiques et sa maestria concernant le genre de la science-fiction est indéniable. Il va directement se faire adouber et consacrer avec son diptyque (pour le moment) de science-fiction. Une œuvre définitive, épique et majestueuse qui frôle la perfection. Enfin si celle-ci existe...
Adapter l’œuvre de Frank Herbert avec brio et maîtrise était un challenge insensé, tout comme celui de donner une suite à « Blade Runner ». Dans les deux cas, le cinéaste québécois s’est surpassé en dépassant nos attentes. La première partie de « Dune » était déjà un apéritif sacrément dantesque qui nous avait mis l’eau à la bouche (ou plutôt la sable). Sa suite est un festin d’opulence qui gargarisera aussi bien les cinéphiles aguerris à la cause que les spectateurs occasionnels. Si Peter Jackson nous a offert le pavé cinématographique d’héroïc-fantasy utlime et parfait, Villeneuve est en train de faire de même pour la science-fiction. « Star Wars » peut aller se rhabiller, en se positionnant comme le petit frère immature, naïf et léger de « Dune ». La comparaison va en agacer beaucoup mais il faut appeler un chat un chat malgré tout le plaisir qu’on a pu prendre devant les films de George Lucas et ses succédanés, au niveau du space-opera, on ne joue plus dans la même cour.
Cependant, bien que Villeneuve nous dise le contraire, il est tout de même hautement préférable de voir la première partie avant de se lancer dans la seconde. Le cas contraire, beaucoup d’enjeux et de clés de compréhension manqueront, que ce soit sur la citation de personnages morts dans le premier épisode ou sur le conflit politico-religieux au centre du film. Voir même de la revoir quelques jours avant. Si « Dune » premier du nom était une belle exposition soignée et envoûtante, sa séquelle en est le cœur vibrant. Un déluge de feu, de sable et de fureur aux accents profondément mystiques.
Et c’est simple, il n’y quasiment pas une scène en trop ou une manquante malgré quelques ellipses et chaque plan se positionne comme un orgasme oculaire. On a rarement vu d’aussi beaux effets spéciaux, décors, éclairage et composition de plans. Les maquillages et costumes aussi sont fascinants rendant ce « Dune, chapitre 2 » doté d’une direction artistique monumentale. On savait Villeneuve doué avec la caméra (de « Sicario » au suscité « Blade Runner 2049 » qui nous avait tous deux également ébahi visuellement) mais le cinéaste québécois pousse le curseur encore plus loin ici, avec une œuvre plus imposante et impressionnante. On peut le dire c’est un film monumental dans tous les sens du terme, à l’image de sa trame sonore imposante, qui fait frémir les murs de la salle. On retiendra par exemple les séquences sur Harkonnen en noir et blanc. En présentant le neveu du baron, Villeneuve nous offre un intermède en forme de masterclass visuelle et narrative qui nous projette au sein d’une parenthèse sombre et étrange au milieu du tumulte alentour.
Et que dire du casting où chaque rôle est incarné à la fois par une star de grand talent. Il y a les jeunes révélations telles que Florence Pugh, de toute beauté, Zendaya, sauvage et intense, en passant par le coup de cœur du film en la personne du Elvis de Baz Luhramann : Austin Butler, un méchant galvanisant et psychotique comme on aime. Mais il y a aussi les anciens comme Christopher Walken ou Charlotte Rampling et les confirmés (Rebecca Ferguson, Javier Bardem ou encore Josh Brolin). Tous sont à leur place et participent, par leur talent et leur jeu qui s’offre totalement au projet, à rendre le film encore plus magistral. Et, bien sûr, le nouveau DiCaprio en la personne de Timothée Chalamet, qui est encore meilleur que dans le premier épisode. On sent davantage sa maturité et il s’avère étonnamment crédible dans ce rôle de frêle leader d’apparence. Un casting de luxe pour un rendu haut de gamme.
Les près de trois heures que dure le film passe à une vitesse incroyable. Les duels verbaux addictifs, les complots, les plans larges sublimant cet univers et les morceaux de bravoure qui en mettent plein la vue s’enchainent à bonne vitesse. Niveau grand spectacle, les sabotages de moissonneuses, les chevauchées sur les vers géants ou encore le combat final en imposent et nous en mettent plein les mirettes, récompensant notre soif de spectaculaire et de magie. Mais Villeneuve ne sacrifie jamais le fond à l’action. Le sous-texte politique du film est très fort. On peut voir certaines réminiscences du régime nazi ou du conflit israélo-palestinien ici. Voire de n’importe quel peuple sous dictature ou régi par des intérêts nébuleux. Tout comme l’aspect religieux. Ici on parle ici de fanatisme et d’endoctrinement glissé dans un blockbuster tout public et ce n’est pas si souvent.
Avec « Dune, chapitre 2 » on est face à de la science-fiction réflexive mais jamais prétentieuse, toujours au service du spectacle et de l’intelligence. On est très loin des Marvel et consorts et si le film fonctionne au box-office, ce qui relève de la certitude, et que la Warner et Villeneuve nous offre un troisième opus (car on reste tout de même un peu sur notre faim à la fin), c’est aussi bien les salles de cinéma, que le cinéma avec un grand C et les spectateurs (fans ou non) qui en sortiront gagnants. On est ici devant un chef-d’œuvre de science-fiction et de cinéma et il serait bête de s’en priver. Avé Denis!
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